mardi 30 novembre 2010

Le projet Desertec selon CEVITAL

Qu’est-ce qui vous a poussé à intégrer la fondation Desertec ?
Desertec est un projet du futur avec lequel on a beaucoup d’intérêts communs et auquel on croit. Cevital est producteur de verre plat, de panneaux solaires à couches minces. Un entrepreneur cherche un marché viable et sûr, et nous somme un pays très ensoleillé, donc il existe un marché immense. Nous serons producteurs intégrés à 95%. Desertec soutient une industrie écologique et durable pour l’Algérie et l’humanité.
Pourquoi les autorités algériennes se montrent-elles hésitantes ?
Il y a confusion dans les esprits sur ce qu’est Desertec. Ce n’est pas la fondation qui viendra investir en Algérie. Desertec est une fondation à but non lucratif qui tente de faciliter le développement des énergies renouvelables, mais aussi de sensibiliser les pays européens sur la nécessité de miser sur les énergies renouvelables et les pays du sud de la Méditerranée à investir dans ces mêmes énergies. Au final c’est du gagnant-gagnant.
Pensez-vous que l’énergie solaire est l’énergie de demain ?
Tout le monde sait très bien que dans quelques années, les énergies fossiles seront épuisées. La demande est en croissance constante tandis que l’offre baisse. Les alternatives sont l’énergie solaire et le nucléaire. Je pense que contrairement aux centrales solaires, les centrales nucléaires sont dangereuses et consomment une matière première qui n’est pas inépuisable. Il y a aussi le souci de traitement de déchets radioactifs. Et puis le dernier point reste le coût, aujourd’hui encore, l’investissement des centrales solaires revient moins cher que les centrales nucléaires.
Certains reprochent à Desertec son coût jugé trop élevé 400 milliards d’euros ? Où trouver l’argent ?
L’argent ne manque pas, c’est la confiance qui fait défaut. Si aujourd’hui, j’ai la garantie de vendre de l’énergie solaire à une valeur donnée qui pourra rembourser le coût de l’investissement, on commencera à travailler.
Le prix du watt reste encore élevé, sera-t-il rentable d’ici la mise en marche du projet ?
Avant, le watt installé coûtait entre 6-8 dollars. Aujourd’hui, il revient à 70 centimes de dollars et nous pensons le descendre à 5 centimes d’ici 2015. L’énergie solaire va être compétitive avec l’énergie fossile. Aujourd’hui la balle est dans le camp des Européens. La question que j’ai posée lors de mon intervention à la première conférence annuelle de Desertec à Barcelone, c’est à quel prix les pays européens sont prêts à acheter l’énergie solaire ? C’est à partir de la réponse qu’on me donnera qu’on connaîtra la rentabilité du projet.
L’initiative Desertec devra faire face à plusieurs contraintes géopolitiques, l’initiative pose-t-elle un problème de souveraineté pour l’Algérie ?
L’Algérie a toutes les raisons d’être partie prenante du projet. Il n’y a pas de problème de souveraineté : le sable est algérien, le gaz est algérien, les onduleurs et boites de jonctions seront fabriqués en Algérie. On développera l’industrie et on créera des emplois. L’énergie produite servira d’une part à satisfaire la demande nationale et d’autre part exporter à l’international et créer de la valeur ajoutée. Les fermes solaires substitueront l’électricité à l’utilisation de gaz naturel, qui pourra être exporté et économisé aussi.
Faudra-t-il attendre que des câbles sous-marins soient réalisés entre les deux continents pour commencer à exporter de l’énergie ?
Ces câbles seront comme le cordon ombilical entre les deux continents. En attendant leur réalisation, on pourrait exploiter des câbles déjà existants, comme un câble qui relie l’Espagne au Maroc. Un qui relie l’Algérie au Maroc. La Tunisie réalise aussi un câble vers la Sicile en Italie.
Nina Sellés
El Watan (26/11/2010)

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